On lit.
Par Lucien Pambou
Conseiller municipal (UMP)
EURO 2012. France-Espagne, la défaite : et si nous étions à l'image de notre équipe ?
Défaite cuisante : la déception est grande pour celles et ceux qui espéraient une victoire de la France, ce samedi 23 juin 2012 contre l'Espagne. Sans appel, le score de 2 à 0 marque la fin de l'aventure pour une équipe qui, selon notre contributeur Lucien Pambou, n'a pas su se souder. À l'instar de nos idéaux politiques, nos idéaux sportifs manquent de lucidité, et de remises en question, selon lui.
La France et l'Espagne, deux conceptions de la cohésion sportive
L’Espagne a gagné en s’appuyant sur des valeurs morales de camaraderie, du "vivre ensemble", de la cohésion du groupe et du pays, alors que celui-ci traverse une grave crise économique. L’Espagne est structurée par ses démons régionalistes marqués, entre les Basques, les Catalans et les autres régions et cela ne se voit pas sur le terrain, dès lors qu’il faut mouiller le maillot national. Et pourtant, c’est un pays décentralisé au plan politique !
La France qui est centralisée, jacobine, républicaine, prône les valeurs d’unité, de cohésion et du "vivre ensemble" également, mais n'a des accents de fièvre patriotique qu’en paroles. L’illusion de la France "Black-Blanc-Beur" de 1998 qui a gagné la coupe du Monde a très vite disparu, chacun en fonction de son appartenance ethnico-politique et religieuse est reparti, du moins mentalement, dans son groupe d’appartenance. Cela s’est vérifié en Afrique du Sud avec le fiasco que l’on connait.
Avec l’Euro 2012, on espérait une nouvelle équipe avec des mentalités différentes, et on espérait cette cohésion sur le terrain. On a vu une équipe de France volontaire contre l’Angleterre et contre l’Ukraine ; les vieux démons sont revenus lors du match contre la Suède, qui était déjà disqualifiée, et surtout contre l’Espagne. L’équipe de France est plutôt singularisée par l’attitude de chacun de ses joueurs, comme Nasri par exemple, dont les relations avec la presse sont difficiles.
Une équipe de France absente du jeu collectif
L’équipe de France n’a pas joué. Chaque joueur a voulu montrer qu’à lui seul il pouvait sauver l’équipe de France, sans comprendre qu’une victoire dans une équipe se joue à 11, même si de temps en temps il y en a un qui doit marquer.
Ce sont les vertus d’une équipe collective, et en extension d’un pays, qui contribuent à la réussite d’un projet. Ce n’est pas le cas de notre pays France, où les égos sont surdimensionnés, tant au niveau sportif que politique. Il faut le dire, nous ne savons pas travailler ensemble, nous ne savons pas porter haut et fort le drapeau français au nom du patriotisme. Nous critiquons beaucoup les pays patriotes comme les États-Unis, mais nous sommes (intellectuellement et en pratique) boursouflés alors que, sur le plan sportif, nous sommes une nation moyenne, même si des sports comme le judo et le hand-ball sauvent collectivement la France par leurs résultats.
La France manque de fair play
Sur le plan politique, en France on ne sait pas reconnaitre la victoire à l’autre camp, on ne sait pas assumer les défaites. Dans un pays autre que la France, l’échec sur le plan sportif, sur le plan politique et sur le plan économique se traduit par une démission des dirigeants.
En France, quand il s'agit de politique, la sanction est contrainte par l’élection mais au niveau sportif et économique, il n’y a que dans notre pays où les mauvais résultats des dirigeants se traduisent par des promotions des impétrants.
Nous sommes un pays bizarre et ce n’est pas un hasard si nous sommes entrés tardivement dans la révolution industrielle, à la différence de l’Allemagne et de la Grande Bretagne. Et ce n’est pas non plus un hasard non plus si nous sommes les derniers à savoir que nous sommes dans un nouveau modèle économique qui implique des changements. Le changement, c’est maintenant et non pas pour plus tard, sur tous les plans.
Tirer les leçons des défaites
L’équipe de France a perdu, vive l’Equipe de France, vive nous-mêmes. On critique l’argent excessif gagné par les joueurs de l’équipe de France, mais les joueurs espagnols gagnent plus et ils sont collectifs sur le terrain, et gagnent leurs matchs. Cette dernière remarque ne vaut pas pour les joueurs de l’équipe de France, il faut en rechercher les origines dans la jalousie que chacun d’entre nous, Français, éprouve vis-à-vis de l’argent de l’autre.
Ainsi sommes-nous faits, Français, vantards, égocentrés, jaloux, très critiques vis-à-vis de l’acte et incapables de nous remettre en cause sur ce que nous sommes réellement.
Quelles sont nos valeurs collectives, celles qui structurent nos actions au-delà de la problématique verbeuse de l’égalité et de la fraternité ? Comment construisons-nous notre patriotisme sportif, économique et politique ? Ne tirons pas sur l’ambulance France. Elle a perdu, et elle s’est renversée dans les fossés catalans ou basques. Comment l’aider à en sortir ? Commençons par amoindrir le peu de nous et à faire grandir le plus de nous. On retrouvera peut-être la France présente (et gagnante) en 2014 lors de la Coupe du Monde au Brésil.
Suite à la défaite, le sélectionneur quitte son poste.
On écoute.