mardi 2 février 2016

Festival de la bande-dessinée à Angoulême

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Le site officiel, c'est ici.

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Angoulême consacre une exposition au cow-boy et à son auteur. Et un magnifique album, L'Art de Morris, retrace leur aventure. Pleins feux sur l'homme qui tire plus vite que son ombre.

1. A sa création, en 1946, dans Arizona 1880, Lucky Luke est affublé d'un gros menton prognathe à la Popeye et, surtout, n'a que quatre doigts à chaque main. Influence évidente de Disney, Morris ayant commencé sa carrière dans le dessin d'animation.

2. Le flegmatique cow-boy à la mèche est en grande partie inspiré de Gary Cooper. A la fin du Grand Bill, western sorti en 1945, la star hollywoodienne chantait "I'm a poor lonesome cow-boy, I ain't got no home"...

3. Contrairement à ce que l'on pense parfois, ce n'est pas Goscinny qui a inventé Lucky Luke, c'est bien Morris, auteur-dessinateur des huit premiers albums. Goscinny n'arrive qu'en 1955 pour Des rails sur la prairie. Avec interdiction formelle de faire le moindre calembour. Il en glissera clandestinement un dans chaque scénario. Que Morris biffera chaque fois. 

4. Erreur colossale, les Dalton, inspirés de bandits réels de l'Ouest, meurent à la fin du sixième album, Hors-la-loi. Morris sent qu'il a fait une grosse gaffe, en se privant de ces quatre géniales fripouilles. Goscinny va trouver la solution. Il invente des cousins aux Dalton: Joe, Jack, William et Averell ("quand-est-ce-qu'on mange?").

5. Le fidèle Jolly Jumper est un appaloosa, crinière jaune, robe blanche. Signe particulier: sait faire du café, jouer aux échecs et méprise Rantanplan, "le chien le plus stupide à l'ouest du Pecos", lui-même parodie du célèbre Rintintin.
6. Le très sage Lucky Luke sera plusieurs fois victime de la censure. La mort sanguinolente de Bob Dalton devra être redessinée de manière plus elliptique à la demande des éditions Dupuis. Et les cases où le jeune Billy the Kid tétait un revolver plutôt que son biberon furent longtemps proscrites de l'album.

7. Morris, dont la virtuosité de dessinateur époustouflait ses pairs, a osé une chose que ni Hergé ni Uderzo n'ont tentée: des couvertures d'albums dont le personnage principal est absent. Ainsi du Pied-Tendre, de Calamity Jane ou de La Diligence.

8. Le génial Phil Defer est directement démarqué de l'acteur Jack Palance. Pour beaucoup, cet album marque un sommet graphique de la série. Morris y est encore très influencé par le style du journal américain Mad, dont il a rencontré les dessinateurs lors de son long séjour aux Etats-Unis au début des fifties. La réédition en grand format noir et blanc de Phil Defer, qui sort ces jours-ci, est somptueuse.

9. Longtemps, les albums de Lucky Luke furent publiés en éditions brochées bon marché par Dupuis. Vexés, Morris et son héros passèrent en 1968 chez Dargaud, où ils eurent droit à des albums cartonnés. Et enfin l'autorisation de mettre en scène Lulu Carabine et ses girls...

10. L'année 2016 verra la publication de deux one shots de Lucky Luke, l'un signé Matthieu Bonhomme, l'autre, Guillaume Bouzard, dont les premières planches dévoilées sont drôlissimes. Les croque-morts peuvent rempocher leurs mètres: ils ne sont pas près d'enterrer Lucky Luke.

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